Artiste, aventurier et prospecteur.
Fils de Boyard, Yvan Pétrovitch Pranishnikoff est né à Koursk (Russie occidentale) le 3 mai 1841 et il est mort aux Saintes-Maries-de-la-Mer le 16 avril 1909. Doté de dons exceptionnels pour le dessin et la peinture, il éprouve également un attrait immodéré pour l’aventure, la liberté et les voyages.
Après avoir étudié la peinture à l’Académie Saint Luc de Rome, il s’engage aux côtés de Garibaldi en Sicile. Il voyage beaucoup autour de la Méditerranée, s’initiant aux richesses de l’antiquité gréco-romaine, à l’archéologie et à la préhistoire. Il contribue, avec d’autres passionnés, à créer la Société Préhistorique Française. Prospecteur infatigable, il parcourt, le plus souvent à bicyclette, les garrigues languedociennes et provençales pour admirer l’esthétique des paysages tout en recherchant inlassablement des témoignages de l’activité de nos ancêtres.
Citoyen du monde.
Mais l’Europe ne suffit pas à assouvir son désir dévorant d’espace. Ainsi, il parcourt le Canada, les Etats-Unis, le Mexique tour à tour en qualité d’ingénieur, de journaliste, de peintre, d’illustrateur et de photographe. Ce russe, touche à tout, réussi tout ce qu’il entreprend. Après son mariage avec Joséphine Languedoc, il s’installe à Paris en 1879 où son immense talent est désormais consacré. Familier des Tourgueniev, pouchkine, Gagarine, il rencontre des provençaux célèbres, notamment Daudet et mistral dont il devient l’ami.
Ivan PRANISHNIKOFF : à travers les plaines du Texas (1906)
Ses qualités d’illustrateur font de lui un collaborateur assidu des Editions plon et Hachette alors que le Tzar Alexandre III le nomme peintre officiel de l’armée russe. Les expositions de paris mettent en exergue, outre son immense talent d’artiste, son rôle d’ambassadeur actif du rapprochement entre l’Orient et l’Occident institutionnalisé par la création de l’Alliance Franco-russe.
Provençal authentique.
Sur les conseils de ses amis provençaux il visite Arles, Avignon, Tarascon et s’éprend pour ce pays de lumière. A l’instar de son ami Alphonse Daudet, Yvan Pranishnikoff rêve de trouver un endroit calme où il puisse se reposer des « fièvres parisiennes » et redécouvrir ses sources d’inspiration dans une nature riche, esthétique et authentique. Finalement, son choix se porte sur la Camargue et le village des Saintes-Maries-de-la-Mer où il se fixe en 1881. C’est alors qu’il apprend la langue provençale, devient membre actif du Félibrige et co-fondateur de la Nation Gardianne. Il participe à toutes les manifestations de la Renaissance Provençale en mettant tout son talent au service des Lettres et des Arts tout en menant la vie rustique d’un gardian, chevauchant dans les enganes comme le meilleur des cavaliers camarguais.
Apprécié des saintois.
Les saintois tiennent en haute estime « Moussu Ivan » ainsi que son épouse, couple si parfaitement intégré à cette communauté des Saintes qui ne s’étonne jamais de l’originalité des hommes. Et c’est ainsi qu’Yvan Pétrovitch vivra dans la paix camarguaise aimé des grands comme des humbles. il restera pour nous un des hommes les plus extraordinaires qui ait marqué la fin du 19è siècle de sa prodigieuse personnalité qui demeure une grande fierté pour notre village.
Sur cette peinture de Pranishnikoff on remarque que le clocher de l’église Notre Dame de la Mer est différent du clocher actuel. L’œuvre de Pranishnikoff a été réalisée après 1876 puisqu’on aperçoit l’ancien hôtel de ville qui a été construit en 1876 et avant 1894, date où le clocher a été détruit par la foudre. Il a été reconstruit dans sa forme actuelle en 1901.
Précurseur et visionnaire.
Par sa vie et par son action, Pranishnikoff a préfiguré et idéalisé, avec près d’un siècle d’avance, l’Europe d’aujourd’hui dont il s’avère le prophète émérite. A ce titre, il incarne, par l’étonnante contemporanéité de son oeuvre et de sa pensée, l’une des grandes figures œcuméniques et philosophiques universelles des temps modernes.
L’ami de Joseph ESPELLY.
Ivan Pranishnikoff avait noué une solide amitié avec Joseph Espelly qui fut maire des Saintes-Maries-de-la-Mer de 1906 à 1920. A l’occasion de la commémoration du centenaire de la mort d’Ivan Pranishnikoff, Madame Corinne Espelly a fait don à la commune de 4 oeuvres originales de l’artiste russe. Il n’est malheureusement plus possible d’admirer ces tableaux, ainsi qu’une aquarelle gouachée représentant l’arrivée des taureaux aux Saintes, car le musée Baroncelli, où ils sont déposés, est désormais fermé au public pour des raisons de sécurité. A défaut des Saintes, il est toujours possible de voir des peintures et des dessins d’Ivan Pranishnikoff au Museon Arlaten d’Arles, au Palais de l’Elysée, au Musée des Beaux-Arts de Nantes, au Musée d’Etat de Saint-Pétersbourg et dans de très nombreuses collections privées.
Ivan PRANISHNIKOFF décrit et dessine la vie de la manade et la course libre en 1887
Santen pour l’éternité.
Ivan Pranishnikoff s’est éteint, dans sa maison des Saintes, le 16 avril 1909 après qu’il eut fait un malaise, à la station d’Albaron, dans le train qui le ramenait d’Arles. Faute de caveau familial, il fut provisoirement inhumé dans celui de ses amis Cormier. Joséphine, sa veuve, entreprit alors de faire construire un monument funéraire dont elle confia la conception à l’architecte A. Coquelin. Le superbe ouvrage, construit en granit noir et en porphyre, était orné d’un magnifique buste en bronze réalisé par le célèbre sculpteur russe Léopold Bernstamm. A sa mort, en 1913, selon son vœu, joséphine rejoignit Ivan, pour l’éternité, dans le tombeau qu’elle avait fait ériger à cette intention. Mais ce ne fut pas le dernier voyage du grand homme car en 1943, le cimetière marin des Saintes fut transféré à l’entrée nord du village où le tombeau des Pranishnikoff est désormais installé … jusqu’au prochain voyage.
Lou souveni d’Ivan PRANISHNIKOFF
En 1912, le Marquis folco de Baroncelli fit réaliser une plaque commémorative qui sera apposée sur la maison des Pranishnikoff et il consacra un numéro spécial des “quatre dauphins” en éloge au Patriarche disparu 3 ans plus tôt.
Biographie écrite sur la base d’un texte de Raymond Rousset.
Tableaux de Camargue