Dans son numéro 159 daté du dimanche 23 avril 1911, le journal quotidien EXCELSIOR a consacré, sous la plume de Gabriel BOISSY, un long et savoureux article illustré par plusieurs photographies d’une ferrade à laquelle le Marquis Folco de Baroncelli avait invité un groupe de notables parisiens.
Les envolées lyriques de l’auteur (Gabriel BOISSY) nous font imaginer une ferrade fantastique comme on en fait plus de nos jours. Au fil du récit palpitant, on relèvera quelques passages à la fois fort élogieux bien qu’un tantinet condescendants sur les autochtones saintois … de l’époque.
« Ce fut un spectacle primitif, ce fut un spectacle évocateur des époques légendaires ».
« La ferrado offerte par les gardians de Camargue réunis et commandés par le marquis Folco de Baroncelli-Javon, poète et gardian passionné, nous versa de saines vertus, nous ramena aux essentiels et nobles instincts de la jeunesse humaine ».
« La ferrado se donnait aux Saintes Maries, village perdu devant la Méditerranée, berceau gaulois du christianisme ».
« Qu’est-ce que cette chevauchée ? Est-ce une horde de Barbares, une horde de Huns ruée dans la tempête ? Nous entrevoyons les visions jamais vues. Nous, les civilisés, nous nous sentons revivre la grande jeunesse du monde […] Nous sommes aux temps bibliques, aux temps de préhistoire, aux temps des peuples migrateurs ».
Enfin la conclusion, prémonitoire et pleine de lucidité en citant Jules Claretie de l’Académie Française qui faisait partie des invités : « il a compris que la terre, la vie naturelle sont les seules, les sûres réanimatrices des peuples que l’on veut abattre ».
Légende :
1. Un “gardian” du marquis Baroncelli-Javon tenant le fer qui a servi à marquer les jeunes taureaux.
2. Mmes Jeanne de Flandreysy, Richepin, MM. Claretie et Monnet-Sully sur une cariole au retour de la ferrade.
3. À la gare, de gauche à droite, au premier plan, Mme Jeanne de Flandreysy, le marquis de Baroncelli-Javon et M. Jules Grand, président de la Confrérie des Gardians, qui a souhaité la bienvenue à la caravane parisienne.
4. Sur la route, gardian et sa compagne au retour de la ferrade.
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
Cliquer sur l’image pour l’agrandir
EXCELSIOR, (« plus haut » en latin), est créé le 16 novembre 1910 par Pierre Lafitte. Sous-titré « journal illustré quotidien – informations, littératures, sciences, arts, sports, théâtres, élégances », Excelsior est un des premiers supports à privilégier au jour le jour l’information par l’illustration photographique. Traiter l’actualité de la veille par la reproduction d’images photo fait de ce journal un pionnier du photojournalisme moderne. Travaillant avec des agences et une armée de photographes, il publie 25 à 30 clichés par numéro mais aussi des cartes, des croquis, des graphiques, et propose des suppléments photographiques. Il a pour devise la phrase attribuée à Napoléon : « Le plus court croquis m’en dit plus long qu’un long rapport ».
Gabriel BOISSY né à Le Lonzac (Corrèze) le 26 février 1879, mort à Biot (Alpes-Maritimes) le 23 septembre 1949. Inhumé à Souvignargues (Gard).
D’abord secrétaire d’Henri Monod, il se passionna pour les choses du théâtre, défendit à l’occasion les droits des Directeurs contre l’Assistance publique, s’intéressa aux fêtes dramatiques d’Orange dont il devint le secrétaire général, organisa les représentations au théâtre antique de Béziers, fonda de nombreux théâtres de la nature. Il fit la critique dramatique à Excelsior et à Comoedia, dont il devint le rédacteur en chef, dirigea l’Album Comique, période illustré de l’art théâtral. Il prit part à la guerre de 1914-1918 et c’est lui qui, chef des informations à l’Intransigeant, eut l’idée de la flamme sous l’Arc de Triomphe au tombeau du soldat inconnu. Il a aussi publié des poésies.