Le débat sur le caractère artificiel ou naturel de la Camargue est aujourd’hui dépassé. Même si, à l’origine, l’aménagement du delta fut considéré comme un défi technique et agricole visant à transformer le lieu en un territoire économiquement et socialement viable, bien loin du souci de protection de la nature, la Camargue représente aujourd’hui une richesse environnementale et culturelle exceptionnelle qu’il faut absolument protéger.
Pendant que des hommes reconfiguraient la Camargue à coup de digues, de pompes et de réseaux d’irrigation, d’autres hommes, comme Baroncelli, d’Arbaud, d’Elly et bien d’autres, inventaient une Camargue symbolique et culturelle fondée sur la tradition locale et le respect de la nature sauvage. Façonné par des ingénieurs, des entrepreneurs et des poètes, développé par des générations de camarguais, le delta constitue un territoire unique en perpétuel mouvement. Ici, l’idée de laisser la nature reprendre tous ses droits n’a pas de sens, pas plus que n’aurait de sens l’idée de vouloir obstinément combattre tous ses effets ou, pire encore, ignorer sa fragilité et sa richesse au nom d’un mercantilisme économique inadapté et inconséquent.
Le biologiste américain Michael Zimmermann présente la nature comme « une coproduction perpétuelle, générée par les humains autant que par les éléments organiques ». Cette définition s’applique parfaitement bien à la Camargue vivante qui survivra tant que durera cette coproduction créative et équilibrée entre l’homme et la nature.