Ode pour la préservation des cabanes du Camarguais aux Saintes Maries de la Mer.
POURTANT QUE LA CABANE EST BELLE
Ils vont l’effacer du village
Anéantir le paysage
Accomplir leur dessein macabre
Depuis le temps qu’ils en rêvaient
Tous ces notables du Palais
Se réjouissent de l’abattre
Terrassant le rude bonheur
D’une vie faite de labeur
Ces brutes sans état d’âme
Au Pays des Saintes Maries
Ont chassé hors de leur logis
Trois générations de femmes
Humble foyer de nos ainés
Gardians, pêcheurs et paludiers
Y façonnèrent la Camargue
D’étang et Méditerranée
Elle jaillit dans sa beauté
Tel un elfe surgi des aigues
Sur les chevaux de nacre blanc
Amis paisibles ou galopants
Près des taureaux de la manade
Henri, Sylvette et Lolita
Par les beaux chemins du Delta
Nous emmenaient en promenade
Blottie dans un écrin d’enganes
Bercée par les rythmes tziganes
Elle illumine nos mémoires
Sa croix sur le chaume penchée
Parle à la Croix des camarguais
Et lui raconte notre histoire
En mille neuf cent cinquante et un
Baroncelli près des embruns
Achevant son dernier voyage
Sur le chemin de son tombeau
Longeant les prés de ses taureaux
La vit naître sur son passage
La farandole des saisons
La mer furieuse du démon
L’use depuis les calendes
Tel le roseau qui l’a coiffée
Le mistral la fait frissonner
Dans une folle sarabande
Fière beauté du temps passé
Cause sacrée des camarguais
Ou souvenir de nos vacances
La folie qui va l’emporter
Loin de la terre où elle est née
À la raison est une offense
Pourtant que la cabane est belle
Comment peut-on s’imaginer
En voyant jouer Gabrielle
Que la Pelleteuse va arriver
GR